Katrina de Frank Smith par Christian Désagulier
Frank Smith n'est pas philosophe, c'est à dire n'est pas professeur de philosophie en classe de terminale ou dans une université. N'est pas professeur de français c'est à dire écrivain. N'est pas professeur d'histoire-géo c'est à dire ni géographe ni historien mais géographe et historien : ne mène-t-il pas un travail de recherche sur les Archives aux Archives ?
Frank Smith gagne autrement sa vie au Bureau d'Investigations Poétiques (BIP ).
Pour empeser ses mots n'a pas besoin de recourir à d'oraculaires et de lieues communes emphases : Toutes les questions de poétique sont lourdes, parce qu’elles engagent, plus que d’autres, la totalité du langage, la totalité du rapport de la langue à la tribu (Mallarmé) *, et puis ? Verlaine n'est pas l'inventeur de Rimbaud mais l'inverse : le converse.
Frank Smith est dans la pratique, dans la pratique grammairienne de chercher une langue démocratique, c'est à dire qui soit compréhensible par tous, c'est à dire une langue poétique où la tête n'est pas seulement mise à l'épreuve, mais les sens et les jambes : langue de l'autre en amont.
Il y a six livres dans KATRINA, celui écrit à la deuxième personne du singulier et puis il y a tous les autres : KATRINA est un livre paradigmatique, Isle de Jean Charles n'est pas seulement une langue de terre, mais une langue qui se bat contre les éléments.
Parodiant Pline, il y a des choses dignes d'être écrites : toutes. D'être lues : pas toutes. D'être écrites et lues : poème. Frank Smith n'est pas un professeur de mathématique mais un poématicien.
Une fois encore, est un poète circonstanciel de temps (présent) et de lieu (ici) qui tourne les pages des archives, les soumet à l'épreuve du feu et de l'eau : poète.
* Philippe Beck, L'Affaire Novalis et l'idée de la précédence, sitaudis, 23 mai 2015