La mer gelée, revue par Jacques Barbaut

Les Parutions

12 avril
2016

La mer gelée, revue par Jacques Barbaut

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La Mer gelée, numéro chien

 

 

      Après avoir rejeté, sous la suggestion de François Athané, dont un mail est reproduit en ouverture, le numéro « cheval », parce que moins susceptible de mépris, et le numéro « vache », parce que genrée, la revue La Mer gelée, pour son dernier avatar à la date, et avant peut-être de produire un numéro « bernard-l’hermite » ou « oursin », s’arrête ici sur le chien.

       Chien crevé, chien méchant — molosse plutôt que caniche —, chien enragé, chien de sa chienne — bâtard plutôt qu’« à sa mémère »…

       (Incise : temps de chien décidément avec Fils de chien, écrit en langue-chien, publié en 1974 par la revue Minuit, de Vladimir Slepian, dont la maigre notice bibliographique, précise laconiquement « qu’il est mort de faim à Paris, dans une rue de Saint-Germain-des-Prés, en 1998 », seul texte connu de l’auteur — présenté par Deleuze et Guattari dans Mille Plateaux comme l’un des modèles du « devenir animal », produisant un agencement, disent-ils, « où la gueule de chien sert maintenant à lacer la chaussure » (p. 316) —, qui fut republié en livret, lui aussi inspirant maquette et typo originales, à la fin de 2015 par les éditions du Chemin de fer.)

       Sous l’aspect « grand cahier » — souplesse, format et tenue —, se permettant des audaces, des fantaisies (?) comme celle de montrer/cacher in extenso Aus dem Tagenbuch eines Hundes d’Oskar Panizza en allemand dans un corps que seul l’usage d’une loupe à l’ancienne (empruntée à l’Holmes des Baskerville) permettra de goûter et que d’ailleurs deux taches éclaboussent, ponctuée par des pages de garde, d’exergue, dites en « blanc sur noir » (pages noires, lettres ou signes blancs), mettant en scène des citations de Ingeborg Bachmann (Wirf die Fische ins Meer. Lösch die Lupinen ! / « Jette les poissons à la mer. Eteins les lupins ! »), de Tony Duvert, de Goethe, d’Erich Fried (donner une idée de l’éventail), bénéficiant pour la « conception graphique » (ou esthétique dandy du livre ?) de l’apport d’un atelier en communication visuelle qui flirte ouvertement avec une certaine typoésie — jeu des espaces et des polices —, la revue la Mer gelée, qui revendique en exergue général une phrase de Kafka tirée d’une lettre à Oskar Pollak qu’on hésite à reproduire à cause de l'effet devenu « ritournelle », propose en ce numéro strictement bilingue (prose en français et poésie en allemand) des textes — des nouvelles, tel le diabolique « Procès-verbal » d’Antoine Brea, jusqu’aux distiques d’Uljana Wolf : wer sagt gedichte sind wie diese hunde / im dorfkern vom eigenen echo —, de Noémi Lefebvre, d’Alban Lefranc, d’Arno Calleja et d’Hervé Bouchard, côté français, et de Norbert Lange, de Marcel Beyer, notamment, auf deutscher Seite, accompagnés chacun, en regard ou en vis-à-vis, de sa traduction.

 

 

 

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