Parodie Paradis de Denis Guillec par Jacques Barbaut
Parce que vous le valez bien
En un geste radical, ce « bréviaire de l’homme postmoderne », « panacée de poche », rassemble et organise mille et un — soit ici le chiffre exact — slogans publicitaires et politiques, base-lines, messages étatiques ou commerciaux (insinuations subliminales ou propagande à la matraque), injonctions, maximes et clichés, mots de passe, signatures de marques ou de partis (presse, réclames, affiches, spams et bombardements internet, spots radio ou télé), dont l’effet d’accumulation provoque une très inquiétante familiarité, les classe, les liste par catégories marchandes : les voyages, les croisières, les automobiles, les boissons alcoolisées, les sodas, les produits laitiers, les banques, les assurances — Zéro tracas, zéro bla-bla —, les jeux d’argent, les sites de rencontres, les clubs de vacances ou de remise en forme, la sauvegarde de la planète, le bio, la beauté, la santé…, compose strophes, litanies, jouant sur les variations et les gradations, poèmes hyperréalistes à la gloire de la soumission, de l’achat, du consumérisme ou de l’individualisme (les deux faces d’une même monnaie de singe), de la vie facile — Venez comme vous êtes —, célébration de la marchandise dans tous ses états, où l’anglo-méricain — Think positive, Be relax — prolifère…
Parodie de paradis ?… « Nous sommes beaux, intelligents, jeunes, performants, et même les personnes se trouvant être des plus défavorisées sont confondues de bonheur », écrit Jeanne-Marie Sens en quatrième.
Entre mille, ou 1 001 pour être exact, donc — douze lignes que l’on tire quasi à l’aveugle (p. 30) :
Anima sana in corpore sano
Vivre avec intensité
À fond la forme
I am what I am
Il va y avoir du sport
Prenez une longueur d’avance
On y va pour gagner
La victoire est en nous
For ever sport
Impossible is nothing
Be a hero
Just do it !