Physalis, Sylvie Marot par René Noël

Les Parutions

20 juil.
2023

Physalis, Sylvie Marot par René Noël

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Physalis, Sylvie Marot

Gravir

 

Il y a de la neige en nous. Au moment de mourir / pour m'éclairer / Tu me demandes / Ce bol de neige fraîche. Matin d'adieu, Kenji Miyazawa - traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi -, cite en exergue de son livre Sylvie Marot. Soudainement, elle plonge son visage dans la neige. (p. 52). De tout son long, elle s'étend comme étoffe blanchie au soleil sur les plaines enneigées d'Ojiya. Dans la neige le fil figé, dans la neige le fil tissé. Neige qui lave l'étoffe, neige qui blanchit. Dans la neige tout commence, dans la neige tout finit. Et la toile de Chimiji n'existe que parce que la neige existe. Neige, mère du Chimizi. (Yasunari Kawabata, Yukiguni, Pays de neige, traduit par Sylvie Marot, p. 52).

 

La poésie glacier suspendu à ces averses de neige où la mémoire en jachère, libre de ruminer ses variations, l'unité et la dualité, binarisées, bridées, givarisées - le réel, sauce réduite écrirait peut-être Ryoko Sekiguchi - expose ses sédiments, figure et concrétise l'espace à sa main. Sous mes paupières closes / apparaissent / disparaissent / des lueurs cristallisées / d'admirables formes géométriques / Ces apparitions disparaissantes / me disent plus sur le monde / que toute autre image (p. 27). Face nord di Pieve di Soligo de Zanzotto, grésil et vent du nord, suspendus aux parois d'une ère en gestation.

 

Elle s'éblouit face aux données ... Blancheur et sédiments - poétique et fil d'Ariane d'Albiach -, Elle s'endort entre deux pierres / pour qu'il puisse trouver son corps fossilisé / son squelette gisant dans les sédiments. en échos à Blancheur et sédiments. - Sylvie Marot, p. 67 -, Physalis écrit le corps d'une figuration, une figue extraite, soit une géologie mentale, une physiologie aussi bien qu'une nivologie ou une ornithologie.

 

Mesure d'excès et exercice de discipline de la matière, éros naît de la voie pionnière de l'écrit. Squelette de l'alphabet, l'écart et l'intervalle - ainsi que Rea Nikonova écrit architexture d'après Anne-Marie Albiach, Amastra-N-Gallar, N° 12, 2006, p. 53-59 - de l'écrit n'est ni irréel, ni en marge, mais crée ostensiblement le monde à tel point que le cosmos, soit la matière noire et lumineuse, s'en enquiert. Emma et aimer conjugués au présent et au passé, sont ces corps et vibrations, écarts aussi concrets qu'une averse de neige et qu'une course de lumière fossile échappée des ressacs ou de l'horizon cosmologique, qui font de la mémoire, os de sèche, aride, des rameaux et des branches de cerisiers adonnées à la neige et à ses congères suspendues, en guise de fruits, rouge foncé, De ces échelles, il ne reste que l'espace des barreaux. / L'entraxe, le vide (p. 64).

 

Devenir, mobilité, associations, État d'Albiach, le É peinture du futur, signe du devenir conflagré, uni et subvertissant état, soit l'espace spinozien, y injecte la vie, le dynamisme, l'inattendu, le tout s'excède par la loi(e) du désir, Physalis écrit les liaisons des fruits d'or et des constellations, les figues, les figures et les figurations ut pictura poesis, l'y du presque rien, du jamais tout, l'énigme vive non plus sur le modèle de la menace faute de sens des proportions et des saisons d'après Ryoko Sekiguchi, soit l'écrit non plus passe-temps ou conservatoire de la mémoire et de l'oubli, mais une courbe de niveau où transparence et silence se greffent en approfondissant ce qu'ils incarnent respectivement. Chaque cristal se forme autour d'une poussière ; chaque flocon est une réserve d'eau. Le givre sur les lèvres gerce les fissures. Le baume labial cicatrice les sillons. La glace dans sa bouche crisse sous les dents. / Emma mange les poèmes (p. 85). Soit un vent des dehors, fait d'embrasures et de moraines, gravir suspendu à l'arbre de lueurs orangées, saveurs de dermes et peaux des mots.

 

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