Des philosophes ? par Christophe Stolowicki
(à l’aune de leur langue)
Langue des « philosophes », ceux d’aussi peu de sagesse que de folie qui jalonnent la dite « histoire de la philosophie » : on n’ose pas trop remarquer qu’elle n’est pas une langue vivante, le grec d’Héraclite, de Platon, de Marc-Aurèle (oui, Marc-Aurèle, malgré les quelques siècles qu’il a fallu pour que la philosophie monte sur le trône) ; ni le latin de Cicéron, d’Horace, de Sénèque ; ou le français de Montaigne, de Pascal, de Sade, de Bergson (le Brichot de la Recherche, charmant penseur mondain des années folles) ; encore moins l’allemand de Goethe ou de Nietzsche. Non, c’est la langue mort-née du logicien Aristote, la langue ubuesque de Descartes, Spinoza, comme ressuscitée du latin d’Église cher à Rimbaud, la langue administrative de Kant, Hegel, la langue plâtreuse de Marx, la langue criminelle d’Heidegger. Avec l’exception du rayonnant Leibnitz, mais qui s’exprimait autant en allemand ou en français qu’en latin, l’idiome des savants d’éphémère science des sciences, théoriciens d’une connaissance qui leur fera toujours défaut.